Placés en situation permanente de nouveaux embauchés, ils sont soumis à des changements de postes fréquents et interviennent de surcroît dans des secteurs d’activité à risques comme l’agriculture. Ils présentent donc un taux d’accident bien supérieur à celui des autres travailleurs. Voici quelques conseils permettant d’améliorer leur intégration et leur sécurité.
Une population plus exposée aux risques
Très présents dans le tourisme et l’agriculture, les travailleurs saisonniers et intérimaires constituent une population plus exposée que la moyenne aux risques professionnels. Comme le souligne l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS), “chez les intérimaires, on constate que la fréquence et la gravité de leurs accidents du travail sont 2 fois plus grandes que celles de l’ensemble des travailleurs”. Selon la base de données INRS EPICEA, parmi les 9.981 accidents mortels survenus depuis 1990, 1.338 ont concerné de nouveaux embauchés (moins de 3 mois d’ancienneté), soit 13,4 %. Parmi ces nouveaux, 33,4 % (447 victimes) sont sous contrat à durée indéterminée, 23,3 % (312 cas) sont des intérimaires et 10,2 % (137 cas) sont sous contrat à durée déterminée. Pour l'INRS, bien que non représentatives d’un point de vue statistique, “ces données montrent une tendance : les risques sont plus élevés pour ceux qui viennent d’être embauchés.”
Les causes de la vulnérabilité des nouveaux embauchés
Selon l'INRS, la vulnérabilité spécifique des nouveaux embauchés , tels que les travailleurs temporaires, s'explique notamment par les caractéristiques suivantes :
- “ils manquent d’expérience et de repères et ne connaissent pas bien leurs limites” ;
- “ils n’osent pas poser toutes les questions (par manque de confiance en eux ou pour faire bonne impression)”, voire “imitent des comportements à risque pour accélérer leur intégration”.
La responsabilité des sociétés d'interim
Lorsque le nouveau venu est recruté auprès d'une société d'interim, celle-ci est la première responsable de sa sécurité. Elle doit notamment veiller à bien identifier le besoin de l’entreprise d’accueil et s’assurer que le travailleur envoyé est en mesure d’y répondre pleinement. Elle doit notamment demander à l’entreprise de donner les précisions nécessaires à l’identification d’un risque spécifique. À titre d’exemple, un jardinier, même très expérimenté, peut n’avoir jamais travaillé à la taille des branches supérieures de grands arbres et ignorer les règles de sécurité qu’il convient d’observer dans une telle situation de travail… Les sociétés d’intérim doivent aussi s’assurer de l’exactitude des compétences annoncées par les travailleurs intérimaires. La compétence est en effet une première assurance contre l’accident.
La responsabilité de l’entreprise d’accueil
Pour améliorer la sécurité des travailleurs intérimaires et saisonniers, les entreprises d’accueil doivent d'abord changer de regard sur ces personnels. Le travailleur intérimaire ou saisonnier n’est pas nécessairement “prêt à l'emploi”. Il a besoin, comme tous les autres travailleurs, d'explications, de formation et d’un temps d'adaptation.
Comme le précise l’INRS, il est crucial de “prendre le temps de délivrer des informations indispensables au travail de l’intérimaire : description du poste, apprentissage des gestes, des modes opératoires, de l’environnement, des interventions prévisibles, facteurs de risques liés au travail, mesures de prévention associées, consignes d’évacuation et de premiers secours…” Certes, il s'agit là d'un investissement en termes de temps. Mais il sera vite récompensé, car ces consignes contribuent aussi à l'efficacité du travailleur embauché. Lorsque c'est possible, cette formation initiale peut être complétée par un accompagnement du saisonnier par une personne capable de l'aider et le conseiller en cas de difficulté.
La responsabilité du travailleur temporaire
Toutefois, la sécurité relève aussi de la responsabilité de l’intérimaire. Comme tout travailleur, il est également responsable de sa propre sécurité. Même s’il cherche à plaire et à prouver ses compétences, il ne doit pas hésiter à poser des questions aux supérieurs ou à ses collègues plus expérimentés. Il doit, enfin, refuser les missions pour lesquelles il n’est pas parfaitement qualifié et qui présenteront donc pour lui une dangerosité accrue.
Une obligation : recenser dans le document unique, les risques des postes occupés par des travailleurs temporaires
“Comme pour ses salariés permanents, le responsable de l’entreprise doit prévenir les risques professionnels auxquels sont exposés les intérimaires. Toutes les entreprises ont désormais l’obligation de formaliser les résultats de l’évaluation des risques dans un document unique”, rappelle l’INRS. Cette obligation n’est pas de pure forme. En effet, son élaboration est l’occasion d’identifier les facteurs de risque qui touchent parfois des postes de travail particulièrement occupés par des travailleurs temporaires ou saisonniers. De surcroît, précise encore l’INRS, “le législateur a introduit la notion de postes à risques particuliers pour les intérimaires”. C’est le chef d’entreprise qui doit dresser la liste des postes présentant des risques particuliers pour leur santé et leur sécurité.
Pour aller plus loin : Une liste complète de recommandations pour améliorer la sécurité des travailleurs temporaires et saisonniers peut être consultée sur le site Internet de l’INRS (www.inrs.fr).
Auteur : La rédaction de Point Org Sécurité