Des chercheurs ont donc voulu brosser un portrait descriptif de l’accueil et de la formation reçus au moment de leur recrutement, sachant que ces pratiques peuvent avoir une influence certaine au regard de la santé et la sécurité du travail (SST). Pour ce faire, ils ont réalisé des entrevues et utilisé les propos tenus par 70 jeunes du Saguenay–Lac-Saint-Jean, âgés de 19 à 21 ans, qui avaient participé à une enquête longitudinale (ELESJ-14) sur les cheminements scolaires, les habitudes de vie et la SST.
Résultats
Au moment de l’embauche, la plupart des étudiants n’ont aucune expérience au sujet de leur emploi. Ces emplois se retrouvent autant dans les petites que les grandes entreprises, sont variés, mais rarement associés à leur domaine d’études. Les propos rapportés par ces étudiants travailleurs décrivent un processus d’accueil plutôt minimal dans la majorité des entreprises, malgré l’existence de plusieurs outils destinés aux employeurs qui soulignent l’importance de la supervision et de la transmission d’informations sur la mission, les valeurs et les règles de sécurité de l’entreprise lors de l’embauche. Toutefois, dans la majorité des cas, une formation est donnée, bien que l’étendue et la durée de celle-ci soient très variables. Cette formation se fait essentiellement sur le tas et se donne le plus souvent au poste de travail si le temps le permet. De plus, l’utilisation d’outils comme des vidéos, des DVD, des modules de formation en ligne demeure marginale. La majorité des étudiants estiment pourtant que cette formation est suffisante puisqu’ils peuvent aussi compter sur le soutien des collègues de travail pour la compléter, entre autres sur des questions liées à la manutention, à l’utilisation sécuritaire des machines et des équipements, de même qu’à la sécurisation de l’environnement de travail.
La socialisation
« L’étude, malgré ses limites, a mis en lumière qu’il importe de poursuivre le développement des outils d’information et de sensibilisation à la SST, et de mieux les faire connaître aux employeurs qui embauchent des étudiants. Par contre, ces outils ne remplaceront jamais le rôle essentiel joué par les superviseurs et les collègues de travail dans la transmission des savoirs de prudence. Il en ressort que c’est surtout grâce aux interactions avec le superviseur et les collègues, donc par socialisation, que certains savoirs essentiels à la prévention sont transmis aux nouveaux travailleurs. Les entreprises doivent mettre en place des conditions gagnantes pour favoriser cette transmission afin de mieux prévenir les lésions professionnelles », précise l’auteure principale, Élise Ledoux, Ph. D., de l’UQAM.
L’étude financée par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) peut être consultée sans frais à http://www.irsst.qc.ca/-publication-irsst-accueil-formation-etudiants-emploi-annee-scolaire-r-865.html.
Auteur : Maura Tomi, IRSST.