Comment définissez-vous le présentéisme ?
On considère qu'il y a présentéisme lorsque des salariés sont présents sur leur lieu de travail mais pas complètement en possession de leurs moyens, avec un niveau de concentration très faible. Il est favorisé par un niveau important de stress. On parle également de présentéisme lorsque des salariés passent plus de temps au bureau que leur travail ne l'exige réellement.
Quelles sont conséquences du présentéisme pour les entreprises ?
Le présentéisme coûte cher à l'entreprise, plus cher que l'absentéisme. Cette constatation résulte de plusieurs études. La dernière en date est belge. Elle a été réalisée par le docteur Claudia Put, Chercheur à l'Université catholique de Louvain en 2010. Pour le docteur Put, "le présentéisme atteint 61 % des coûts totaux relatifs à la santé dans une entreprise, suivi par les frais médicaux (28 %) et l'absentéisme (10 %)". Ce résultat s'explique car les personnes qui souffrent de présentéisme manquent de concentration, d'efficacité et commettent des erreurs. De plus, ce mal être peut se propager aux autres collaborateurs, surtout si ceux-ci ne sont eux-mêmes pas bien.
Comment détecter le présentéisme ?
Le présentéisme est un mal insidieux difficile à détecter. L'un des signes peut être la diminution de la productivité d'un salarié très performant. Le salarié commet des erreurs, est moins efficace, est en retard alors qu'il était toujours à l'heure... Tous ces petits signes doivent alerter. Ces manifestations se combinent à des soucis de santé qui touchent le salarié et qui font penser que le niveau de stress est un peu élevé. Il peut s'agir de maux de tête, de ventre, de dos, d'apparition d'allergies... Des pathologies qui ne sont pas graves, mais qui peuvent handicaper les salariés dans leur quotidien.
Que peut faire l'employeur s'il se rend compte que l'un de ses salariés souffre de présentéisme ?
Il est important de rencontrer le salarié, ne pas le laisser de côté, ni le mépriser. Il faut l'écouter pour voir s'il souffre de présentéisme. Si tel est le cas, il faut alors repérer la cause du présentéisme. Il peut s'agir d'objectifs fixés à un niveau impossible à atteindre, d'une pression trop importante, de tensions entre collaborateurs... Pour y faire face, on peut diminuer la charge de travail pendant un temps, remédier aux tensions. Une diminution de la charge de travail ne sera dans ce cas pas contre-productive car le salarié va alors se sentir soutenu, aidé, et cela va diminuer son stress. Cela va lui permettre de repartir sur de bonnes bases.
Ce phénomène est-il en augmentation ?
Oui, car il suit le niveau de stress dans la population qui lui même augmente. Il y a de plus en plus de pathologies liées au stress.
Les entreprises commencent-elles à prendre en compte le présentéisme ?
Oui. L'accord sur l'égalité professionnelle de la SNCF le mentionne par exemple, et d'autres grands groupes le prennent en compte également. C'est bon signe, cela démontre que les choses bougent, que les entreprises se rendent compte que ce n'est pas parce que leurs salariés restent tard leur soir ou ne s'absentent pas qu'ils sont à 100 % productifs, et surtout qu'elles se préoccupent du bien-être de leurs salariés.
Philippe Rodet a fondé un cabinet de conseil sur le bien-être en entreprise. Il a également fondé en 2006, le Cercle Stress Info qui regroupe des acteurs issus d'horizons divers pour réfléchir aux moyens de cultiver la performance durable et la qualité de vie au travail. Il est l'auteur de différents ouvrages : Le stress : nouvelles voies en 2007 (Editions de Fallois), Se libérer du stress : un médecin urgentiste raconte en 2010 et Se protéger du stress et réussir : Sept leviers de motivation en septembre 2011 (Editions Eyrolles).
Auteur : Par Eleonore Barriot, actuEL-HSE.
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