Dans le cadre de la journée de débat organisée le 15 mars dernier par Eurogip, plusieurs démarches de sensibilisation des médecins généralistes à la prévention au travail ont été présentées. Tour d'horizon.
Médecins du travail, médecins généralistes : l'absence de dialogue
Pour Anne Delépine, médecin et conseillère médicale en santé au travail à l'INRS, un des principaux problèmes aujourd'hui en matière de prévention au travail, vient de l'absence de coordination entre les acteurs du secteur. " Selon la fonction occupée, on va porter un nom différent : "médecin conseil", "médecin traitant", "médecin du travail"; la personne a donc un angle de vision différent et il y a très peu de transversalité entre ces différents points de vue", indique-t-elle.
Une méconnaissance de la prévention au travail
Pire encore, il y a une grande méconnaissance des médecins au niveau de la prévention au travail.
"Dans la formation initiale des médecins en France, tout ce qui tourne autour de la prévention initiale est quasi inexistant, l'enseignement est exclusivement porté sur le soin, la prévention est donc quasi inconnue des médecins généralistes", explique Mme Delépine.
C'est pourquoi l'INRS (Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles) a été chargé par l'Assurance Maladie, il y a une quinzaine d'année maintenant, de sensibiliser les médecins généralistes aux maladies professionnelles.
Sensibiliser au repérage des maladies professionnelles
L'INRS forme ainsi, depuis plusieurs années, des médecins généralistes, en les sensibilisant à l'influence du travail sur la santé du patient, et en essayant de créer des liens avec les services de santé au travail. "Mais sur ce dernier point, c'est plutôt difficile", avoue Mme Delépine.
Des actions similaires de sensibilisation sont aussi menées au niveau régional, comme en région PACA où il existe le "Système d'information en Santé, Travail et Environnement Provence-Alpes-Côte d'Azur (SISTEPACA)".
"Notre démarche vise à sensibiliser les médecins généralistes et spécialistes au repérage des maladies professionnelles, en les informant sur les tableaux professionnels ou en les interpellant sur les maladies les plus fréquentes et les plus graves (cancers, rhinites et asthme professionnels...)", précise Sandrine Arnaud, médecin de santé publique à l'Observatoire régional de la santé PACA.
Le SISTEPACA met également à disposition des fiches de conduite à tenir, avec des pistes pour repérer une maladie ou des conditions de travail à risques. Le site fournit également des informations sur la démarche de déclaration des maladies professionnelles, sur les droits du patient, la visite de pré-reprise ou encore sur le maintien dans l'emploi (fonctionnement du réseau de maintien, structures d'aides...). "Sur ce dernier point, les médecins nous confient qu'étant confrontés à la souffrance des gens au travail, la problématique du maintien ou du retour à l'emploi est devenue essentielle", précise Mme Arnaud.
Des sessions de formation pratiques
A la question "est-ce que ce dispositif a changé la pratique des médecins ?", Sandrine Arnaud répond que c'est difficile à mesurer. Elle ajoute néanmoins que le processus d'acculturation des médecins prend forme et que ces derniers sont plus enclin à s'investir dans la problématique santé au travail.
Des sessions de formation spécifiques sur les retours d'expériences et des cas concrets avec des patients sont par ailleurs organisées à six mois d’intervalle dans la région PACA.
Si cette démarche régionale est efficace, c'est parce que les gens se connaissent et se rencontrent. Peut-être un bon argument pour étendre la démarche à l'ensemble du territoire...
Auteur : Par Marianna Reyne, actuEL-HSE.
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