Bien sûr, elle fait appel à des connaissances techniques. Mais, comme le relève un récent dossier de La Tribune consacré à la sécurité industrielle (voir page 2 de Altersécurité Infos), elle ne peut se limiter à cela. Elle doit aussi prendre en compte d'autres aspects, moins rassurants parce que plus insaisissables, comme le management et les comportements humains.
Pour une approche pluridisciplinaire
Comme l’écrivent fort bien les fondateurs de l'Institut pour une culture de la sécurité industrielle (www.icsi-eu.org), “la réglementation ne suffit pas. Les progrès en sécurité industrielle ne peuvent venir que des entreprises elles-mêmes à l'intérieur desquelles doit se développer une culture de la sécurité”. Et ils précisent que cette dernière “passe nécessairement par une approche pluridisciplinaire englobant de manière systémique toutes les dimensions du risque industriel : évolutions technologiques, rôle du facteur humain, dimensions économique, juridique, managériale, organisationnelle et sociale dans l'entreprise”. Ces observations ne peuvent laisser insensibles les professionnels de la prévention des risques, qu'ils interviennent ou non dans le secteur industriel.
Prendre en compte tous les paramètres
En effet, l'évaluation des risques, notamment en vue de réaliser un document unique, exige également une vision globale des nombreux paramètres impactant la santé et la sécurité des travailleurs. Ainsi, pour juger des risques présents sur une chaîne de production, il faut bien sûr s'assurer du respect des normes techniques de sécurité relatives aux machines utilisées. Mais il faut aussi prendre en compte des questions organisationnelles, managériales, culturelles et économiques. En effet, les risques peuvent, par exemple, être décuplés lorsqu’une entreprise sous-traitante est continuellement mise sous pression pour respecter les délais de production exigés par ses donneurs d'ordre.
Aller sur le terrain
L’évaluation des risques exige donc de replacer l'entreprise - et chacun des postes de travail - dans un environnement complexe qu'il s'agit d'observer de façon globale et surtout en se rendant sur le terrain. C'est du moins ainsi que procèdent les intervenants de Point Org Sécurité.
Une société de plus en plus allergique au risque ?
Notre société est-elle devenue plus frileuse et timorée face aux risques nécessairement induits par toute activité, notamment de nature technologique ? Pour Gilles Motet, professeur à l'INSA de Toulouse et directeur scientifique de la Fondation pour une culture de la sécurité industrielle, elle est plutôt “de plus en plus allergique aux dommages, et c'est une bonne chose. Il y a peu, on pouvait considérer que le progrès scientifique avait un prix, une sorte de tribut à payer pour profiter de ses avantages. Aujourd'hui, la société n'accepte plus ce principe. C'est pour cela qu'il faut accompagner les progrès scientifiques et techniques par de nouvelles connaissances sur la gestion des risques” (La Tribune, 28/06/11). Une façon de dire qu'une prévention scrupuleuse des risques est aujourd'hui indispensable à la marche du progrès scientifique et à celle des entreprises.
Auteur : La rédaction de Point Org Sécurité
